Le Mot de la Présidente
La CNEP représente la filière cosmétique parfumerie sur 4 axes avec quelques spécificités.
La formation, tout d’abord avec ses établissements qui, par le biais du CAP, BAC PRO, BTS, BACHELOR et MBA , préparent les futurs talents aux métiers du soin de peau, de l’embellissement, mais aussi du management, de l’animation, et du marketing digital.
Les marques de cosmétiques dont l’ADN historique réside dans la fabrication de produits professionnels et la conception de protocoles pour le soin cabine, puis dans la vente de produits retail
Les marques de matériel pour l’institut et le SPA avec toutes ces innovations autour du diagnostic connecté et des technologies avancées pour l’anti-âge la minceur et l’épilation.
Et enfin la distribution, dont nous parlerons dans cette première partie de la journée, ces Instituts, Spa, Centres d’embellissement des ongles et du regard, ces quelques 46 891 entreprises qui ont tiré le rideau brutalement au soir du confinement.
Une épreuve pour ces TPE PME, qui se sont vues soudain coupées de leurs clients, totalement. Pas de site de vente en ligne, à l’exception de quelques grandes enseignes, pas de ressources déjà installées pour communiquer avec le client, plus d’avion, plus de touristes, rien, le vide et le silence, et cette angoisse du devenir qui s’installe.
Puis, après le coup de massue, des réactions positives.
Il faut se battre réagir, trouver des solutions rapidement.
Nous avons vite identifié que le consommateur, conscient de la force du virus, serait désormais très exigeant sur l’hygiène et la sécurité des prestations.
Aussi, la CNEP a mobilisé 25 experts, infectiologues, virologues, spécialistes de la qualité de l’air et de la décontamination des surfaces, qu’elle a associée aux marques partenaires, à la FEBEA et à la Cosmetic Valley, pour mettre en place une NORME AFNOR SPEC, en 6 jours, afin de préparer le déconfinement.
Cette norme, mise à disposition gracieusement pour toutes les entreprises, a été déclinée en formation digitale afin que toute la distribution puisse profiter de ce temps de confinement pour se former à la mise en place du protocole sanitaire, autorisant la réouverture des points de vente.
La réouverture s’est bien passée.
En Institut, le client était au rendez-vous, mais, après le rush des premiers jours, il a fallu déchanter.
Là où nous recevions 6 clients, avec les protocoles de nettoyage et l’application stricte de la norme, nous ne pouvions accueillir que 4 clients désormais.
Les SPA ont vu leurs espaces humides et leurs salles de sport fermés, perdant ainsi toute attractivité.
En parfumerie, essayer une couleur, un produit devenait un problème, dans des espaces où tout était conçu quelques jours auparavant pour que le consommateur ait cette liberté de toucher et d’essayer !
Diminution du CA, mais aussi coûts supplémentaires, liés à l’achat de produits et d’équipements, bref, une activité qui s’accroit mais une rentabilité qui décroit.
La modification des habitudes de consommation, parlons- en, mais c’est déjà un lieu commun.
Ce consommateur, ne faisons pas mine de découvrir sa mutation.
Depuis bientôt 5 ans, nous avons senti sa volonté de mieux consommer.
Nous étions déjà arrivés au bout d’un cycle, celui de l’hyperconsommation déraisonnable et déraisonnée.
Les Français évoquaient le besoin prioritaire de se sentir bien, à la fois dans leur tête et dans leur corps, et de prendre plus de temps pour eux.
La beauté se voulait holistique, avec des protocoles in & out, permettant de prendre soin de soi de l’extérieur comme de l’intérieur.
Pendant le confinement, c’est le do it yourself qui a tiré, sans surprise, son épingle du jeu.
On a consommé, discuté, échangé au travers d’écran, mais il y a quand même eu une frustration.
Nous sommes donc au pied du mur : trouver un moyen de séduire ce nouveau consommateur post Covid, en mettant en place des stratégies gagnantes pour retrouver de l’activité, du chiffre d’affaire et du profit.
La difficulté pour la distribution réside maintenant à mettre en place des actions qui nous permettront de retrouver un équilibre durable, et ce, avec des trésoreries exsangues, des contraintes sanitaires fortes, et une transformation numérique qui s’impose et qu’il nous faut absorber en un temps record.
L’institut, le SPA, la parfumerie doivent donc se réinventer pour ne pas disparaître.
Ils deviendront des lieux de rencontres, d’échange, d’informations, hyper connectés. Le consommateur ne vivra plus une expérience individuelle mais une expérience collective impulsée par les outils technologiques, pour les diagnostics de peau, des expériences olfactives, des maquillages connectés, des produits sur mesure et des routines enseignées par le biais d’applications par l’esthéticienne et la conseillère de beauté.
Avant le CODID, notre activité qui se tenait dans de discrets « boudoirs » modernes, comme d’autres compétences manuelles, était peu valorisée. Le confinement a mis en lumière nos esthéticiennes, nos conseillères beauté comme le lien essentiel tissé avec ce nouveau consommateur qu’elles devront accompagner dans une expérience digitalisée désormais.
Je n’oublierai donc pas les équipes qu’il faudra associer à ce projet, d’abord en les écoutant, puis en les informant, en les formant, en les motivant enfin, car elles sont les ambassadrices du savoir- faire français auprès des consommateurs.
Dans cette période inédite où il est difficile d’avoir une vision claire sur l’avenir, il ne faut surtout pas baisser la garde.
La distribution a un projet, et la CNEP porte et défend ce projet auprès de toutes les instances représentatives puisqu’elle est le seul syndicat membre du Comité de filière mis en place par Agnès Pannier Runacher, Ministre de l’Industrie, ce qui lui permet de porter la voix de nos entreprise au plus haut niveau.
Voici donc les grands chantiers qui nous attendent pour cette fin d’année et pour la suivante
Investir en engageant trois leviers : l’innovation, la communication et la transmission des savoirs par la formation .
Nous sommes à la croisée des chemins.
La CNEP s’est construite depuis le début dans le combat, et c’est son ADN.
En 1997, notre premier combat était celui des UV, et il perdure.
Des combats, nous en avons menés ensemble, le massage, les soins minceur que l’on nous a interdit du jour au lendemain le 11 Avril 2011, les prothésistes ongulaires, les stylistes du regard qui se sont vus refuser l’inscription au registre des métiers pendant des mois et les dermographes qui ont dû se battre pour ne pas se voir imposer le diplôme d’esthéticienne pour exercer, alors que leur exercice est parfaitement encadré par un Décret du Ministère de la Santé .
La lumière pulsée et ce combat qui a duré 59 ans , mené par la CNEP depuis 24 ans, si bien que le soir où j’ai appris le décision d’illicéité prononcée par le Conseil d’Etat à l’encontre de l’Arrêté de 1962 , je n’ai même pas ressenti la joie de la victoire, car la route avait été trop longue.
Et d’autres défis nous attendent et pas des moindres !
La Marque de soin, la Marque de matériel, le Franchiseur n’est rien si l’esthéticienne ne peut pas exercer dans la plénitude de ses compétences et développer son entreprise avec les outils du futur. Nous l’avons tous mesuré tout au long de ces derniers mois de crise sanitaire .
C’est cette réflexion importante qu’il nous faut initier, car elle est vitale pour le devenir de toute la filière.
La distribution a un projet, et la CNEP est là pour en débattre avec l’ensemble de ses interlocuteurs.
C’est cette action que la CNEP est prête à mener avec toutes celles et ceux qui partagent notre volonté d’agir et d’aller de l’avant .
Régine FERRERE
Présidente