Épilation en baisse : vers la fin des instituts beauté ?
Les femmes seraient de plus en plus nombreuses à ne pas s’épiler. La tendance s’appuie notamment sur le refus des injonctions de beauté. Est-ce la fin progressive des instituts d’esthétique ?
Impossible de les manquer : dans les vitrines des instituts de beauté de la ville, les affiches de promotions de l’épilation sont placardées, bien en vue. « Vous allez adorer l’épilation », promet l’une d’elles. En short et t-shirt dans les rues, Maëlys, 22 ans, fait la moue : « Pas question d’aller me faire épiler à l’institut de beauté pour une simple journée plage. Je le fais quand j’en ai envie. » Le recul de la pratique épilatoire depuis le confinement, lié à la pandémie de Covid-19, chez les 18-24 ans, se confirme-t-elle ? Le sondage le plus récent, en 2021, laissait entendre que la part de femmes ne s’épilant plus avait doublé en huit ans et grimpait à 28 %.
De quoi perturber le marché de l’épilation à La Roche-sur-Yon ? À l’unanimité, les gérantes d’instituts interrogées affirment que la pratique reste la prestation la plus prisée dans les établissements.
« Ce n’était pas notre clientèle »
Les instituts interrogés sont catégoriques : ils accueillent toujours autant de clientes pour des prestations d’épilation à la cire. Lolita Gillaizeau, esthéticienne et gérante de l’institut Guinot, est formelle : « Aucun changement d’affluence », depuis le début de la tendance du « no shave », autrement, dit « pas de rasage ». L’établissement accueille une clientèle de 14 à 90 ans, avec en moyenne des femmes de 40 ans. « Les femmes plus mûres ont toujours eu l’habitude de s’épiler et continueront », se rassure Amandine Durand, 39 ans, gérante d’un autre institut de soin et beauté, Skin & A. Pour Gladys, 50 ans, en effet, impossible de garder ses poils, surtout pour ses cours de hip-hop. « L’été, on s’épile à cause du regard des autres », avoue-t-elle. Son amie, Nathalie, 49 ans, est du même avis : « Je comprends que certaines femmes ne veulent pas se raser, mais ça serait dur à assumer pour moi. »
Mais la jeune clientèle est aussi au rendez-vous. « Celles qui font du sport ou celles qui ont pris l’habitude avec leur maman s’épilent. Le plus souvent, le maillot et les aisselles », précise Lolita Gillaizeau. La tendance à assumer les poils, elle l’observe « de loin ». Elle suppose : « Ce sont des jeunes femmes qui ne sont jamais venues en institut, ce n’était pas notre clientèle. »
Le bien-être, pour toutes les femmes
À l’échelle nationale, selon Régine Ferrere, présidente de la Confédération nationale de l’esthétique et de la parfumerie (CNEP), l’épilation, à la cire et au laser, « se porte très bien ».
« Pendant le Covid-19, nous étions des travailleurs non essentiels, donc les femmes ont dû trouver des astuces, parfois dangereuses. Elles se sont parfois brûlées en tentant de s’épiler seules, détaille Régine Ferrere. Alors maintenant, elles ont compris qu’elles devaient confier leur peau à des professionnels. Nous avons presque récupéré toute notre clientèle d’avant la pandémie. » Les prix pour l’épilation à la cire s’étendent de 10 à 60 €, en fonction de la zone à épiler. Au vu du contexte économique, les instituts de soins et de beauté sont « la variable d’ajustement », assume Régine Ferrere. Mais selon elle, ils restent dans les priorités. Désormais, d’autres services attirent toutes les femmes, même celles qui ne se rasent pas. « Il y a davantage de rendez-vous pour les cils et les ongles. Les femmes veulent de l’écoute, du contact et du bien- être », conclut Régine Ferrere.
Les instituts de beauté affirment pouvoir aussi compter sur une nouvelle clientèle, les hommes, qui sont de plus en plus nombreux à se débarrasser de leurs poils.
Anna BARON